KORAH

UN RESUMÉ DE LA SIDRA: Korah

PAR MICHEL BENSOUSSAN

Cela fait trois semaines que la Torah décrit toutes sortes de crises que le peuple d'Israël traverse depuis qu'il s'est mis en route vers la terre d'Israël. Nous voilà confrontés cette semaine à la "querelle de Korah" : c'est tout le principe de la hiérarchie qui est remis en cause. "Pourquoi une partie du peuple, les Cohanim, seraient-ils plus "saints"!". "Pourquoi Aharon et Moché détiennent-ils le pouvoir politique?". La réponse de Dieu est terrible: ils sont tous mis à mort! Après cet ébranlement de la légitimité de la hiérarchie, les devoirs et prérogatives des Levi et des Cohen sont rappelés, comme pour remettre un peu d'ordre après toute cette révolution avortée.

Première montée: Korah est le cousin de Moché. Pourtant, il constitue autour de lui un groupe de protestation assez important: des membres de la tribu de Reuven (Reuven a été déchu du droit d'aînesse par son père Yaakov) ainsi que 250 chefs des tribus d'Israël. "Tout le peuple est saint"," Moché et Aharon n'ont pas à se placer au dessus du peuple"! Moché,  annonce le lendemain que Dieu lui-même fera savoir qui il a choisi .Il faudra que chacun présente de l'encens en offrande à Dieu. Moché tente même de raisonner deux fauteurs de trouble, récidivistes: Datan et Aviran. Mais sans résultat.

Deuxième montée: 250 encensoirs sont présentés devant le tabernacle, et tout le peuple autour, attend de savoir quelle sera la réaction de Dieu.

Troisième montée: Dieu décide de punir tout le peuple. Mais après que Moché a intercédé en leur faveur, seuls les fautifs seront punis. Tous les autres devront s'éloigner des fautifs. La terre s'ouvre et engloutit Korah et ses acolytes! De plus, un feu "venu de Dieu" brûle les 250 chefs de tribus ainsi que leurs encensoirs! Dieu ordonne de récupérer le cuivre des encensoirs fondus et d'en recouvrir l'autel des sacrifices. Toute personne qui viendra devant l'autel se rappellera ainsi de cet épisode en voyant le cuivre qui le recouvre. La mort des 250 chefs de tribus soulève le peuple contre Moché. Dieu intervient à nouveau.

Quatrième montée: Dieu décide à nouveau d'anéantir tout le peuple! La mort commence à frapper dans le camp. Sur le conseil de Moché, Aharon prend un encensoir et court protéger le reste du peuple: il se place entre les morts et les vivants et arrête de la sorte l'hécatombe. 14700 personnes ont néanmoins péri, en plus de Korah et des 250 personnes.

Cinquième montée : Comme pour rétablir la hiérarchie bafouée, Dieu ordonne à Aharon que chaque tribut présente un bâton, sur lequel son nom sera inscrit. Placés dans la tente d'assignation, ils sont retrouvés le lendemain, intacts sauf celui d'Aharon représentant la tribu de Levi: il a fleuri et a même donné des amandes! C'est le signe que la tribu de Levi avec Aharon à sa tête a bien été choisie par Dieu et sanctifiée.

Sixième montée : Le bâton d'Aharon sera gardé en témoignage du choix de Dieu. Le peuple continue à se plaindre de la violence exercée. Ils se rendent compte que tout ce qui a trait au sacré peut être très dangereux!  L'élection des Levi et des Cohanim  en fait ne les place pas au dessus du peuple mais à son service. Leur statut leur confère certes des privilèges mais surtout des exigences. Pour cela, la Torah rappelle d'une part leurs devoirs   mais de l'autre toutes les offrandes qui leurs sont octroyées. En revanche ils n'auront pas droit au  partage de la terre.

Septième montée: Les Levi non plus n'auront pas droit au partage des terres. Ils auront droit eux  au "Maasser": Après avoir donné la "Térouma" au Cohen, tout agriculteur devra leur donner un dixième de sa récolte! Eux-mêmes donneront une Térouma aux Cohanim. Voilà donc la hiérarchie rétablie et renforcée!

Réflexion à propos du titre:

Les personnages qui, dans la Torah, ont eu droit à ce que leur nom soit utilisé par la tradition comme titre de la Sidra sont peu nombreux. Il y a Noé, Ytro, Korah, Balak. Aucun d'entre eux ne fait partie de la famille d'Israël et ils y sont parfois même assez hostiles. Pourquoi donc cet "honneur"? Peut être pour nous habituer à lire le texte en y décelant des enjeux, plus que de belles histoires .Des problématiques universelles plus qu'une épopée.  Ces personnages incarnent donc des situations qui nous interpellent à toute époque. Le choix de la mise en exergue de personnages, sciemment "moins sympathiques", nous invite à nous éloigner d'une lecture apologétique stérile de la Torah.