Sidra Vayakhel
par Michel Bensoussan
Un résumé
Après avoir obtenu le grand pardon pour la faute du veau d'or, Moshé descend du mont Sinaï, le jour du 10 Tichri (kippour) avec les deuxièmes Tables de la Loi. Dès le lendemain, il réunit (Vayakhel) l'ensemble du peuple pour leur transmettre les lois reçues.
La première est celle du Shabbat. Puis, il explique en détail les lois concernant la construction du Michkan. Ainsi on retrouve, presque mot pour mot, la description de la construction de chaque ustensile que nous avons déjà lu dans la Sidra de Térouma il y a de cela trois semaines. La principale différence est que dans Térouma il s'agissait de l'ordre de Dieu à Moshé, tandis que là il s'agit de la réalisation concrète. Au lieu de la phrase : « dis-leur de faire une Ménorah », il est écrit ici : « et il (Betsalel) fit la Ménorah… ». Bien entendu, toutes les petites différences entre le texte de Térouma (ordre de réalisation) et le texte de Vayakhel (la réalisation elle-même) seront autant d'occasions, d'interrogations et de commentaires. Rappelons qu'entre les deux (entre Térouma et Vayakhel) il y a eu la grande crise de la faute du veau d'or. Et cela n'est pas étranger à ces différences.
À propos du titre
Vayakhel vient de la racine KHL. Comme le terme « assemblée », Kahal. La forme grammaticale de ce verbe semble vouloir dire que Moshé a « fait se rassembler ». Il a fait quelque chose qui a incité le rassemblement (presque spontané !) de tout le peuple. Cela n'est pas habituel de rassembler tout le monde. La chaîne de transmission se faisait, d'habitude, graduellement par Moshé puis Aharon, Josué, les Sages, les chefs de tribus, puis cela descendait vers le bas de la pyramide. Dans le « Hakhel » il y a un accès direct entre le chef suprême et le peuple. Cela oblige Moshé à prendre conscience de la multitude et de la diversité. Cela permet aussi une prise de conscience particulière au peuple réuni (une mitsva particulière demande au roi de procéder à un événement similaire une fois tous les sept ans à Jérusalem). Ici, l'ordre du Shabbat et de la construction du Michkan, juste après la grande crise du veau d'or, nécessitait semble t-il ces prises de conscience et de responsabilité, à la fois de la part de Moshé et de la part de chacun. Bel enseignement pour notre époque qui exacerbe la notion d'individu au détriment de celle de peuple.
UN RÉSUMÉ PAR MONTEES : Vayakhel – Pekoudé – Hahodech
PAR MICHEL BENSOUSSAN
Après avoir reçu l'ordre de construire le Michkan (lors des précédentes Sidrot), Moshé transmet cet ordre au peuple. La construction est très vite entreprise. Nos deux Sidrot lues ce shabbat relatent donc la transmission de l'ordre, puis la réalisation et enfin le compte-rendu de la réalisation finale. À chaque fois le texte reprend la même description en détail. Pourquoi ? Peut-être parce qu'après la faute du veau d'or, le Michkan n'est plus seulement le lieu de rencontre avec Dieu, mais qu’il devient aussi le lieu de la réparation des fautes.
Première montée: Moshé rassemble (Vayakhel) tout le peuple pour lui transmettre la mitsvah du shabbat, puis l'ordre de la construction d'un sanctuaire, le « Michkan ». Ils devront eux-mêmes apporter les matières premières et participer à la construction, ce qu'ils font immédiatement et avec un grand engouement.
Deuxième montée: C'est Betsalel qui est nommé à la tête de l’entreprise. Dieu lui procure toutes les qualités artistiques et les qualités « de cœur » pour parfaire ses aptitudes naturelles. Betsalel s'entoure d'artistes qui forment une équipe efficace. Il commence par construire la tente du Kodesh, avec ses parois en bois et ses tentures pour le toit. Ce n'est qu'ensuite qu'il décide de construire les éléments qui seront placés dans cette enceinte : l'Aron, la boite en bois et or qui contient les tables de la Loi dans le Saint des Saints, puis la table des pains.
Troisième montée: Betsalel réalise aussi la Ménorah à sept branches puis l'autel des encens.
Quatrième montée : Enfin sont élaborés l'autel des sacrifices et le Kior, bassin de cuivre pour les ablutions, qui seront placés à ciel ouvert en dehors de la tente du Kodesh. La cloison extérieure, faite de tentures soutenues par des piliers de bois termine la construction du Michkan. Dans cette même "montée" nous entamons la seconde Sidra "Pekoudé". Elle commence par l’énumération de toutes les matières premières utilisées.
Cinquième montée : Ce sont à présent les vêtements des Cohanim qui sont tissés et brodés : l'Ephod (tablier avec ses épaulettes aux deux pierres gravées des noms des douze tribus), puis le Hochen (pectoral sur lequel sont inscrits les douze noms sur douze pierres distinctes).
Sixième montée: le Meïl est le grand manteau bleu du grand Cohen, les Koutonot (tabliers), les couvre-chefs (Migbaot et Mitsnefet), les pantalons (Mikhnassaïm) et les ceintures (Avnet), et le Tsits en or qui sera placé sur son front.
Septième montée : L'inauguration du Michkan est fixée au premier Nissan (un an moins quinze jours après la sortie d'Égypte). Pendant les sept jours qui précédent cette inauguration Moshé devra tout mettre en place. Il devra aussi oindre Aharon et ses enfants, les habiller pour qu'ils prennent leurs fonctions de Cohen. Le texte relate en détail la réalisation par Moshé de toutes les étapes.
Maphtir: Ce Shabbat est appelé « Shabbat Hahodesh », il précède le Roch Hodesh Nissan (mardi 12 mars), premier mois biblique. Nous sortons donc un second Sepher Torah pour y lire le Maphtir (le texte se trouve dans la Sidra Bo, Chemot-12) ; il relate la première mitsvah donnée à Moshé, quinze jours avant la sortie d'Égypte, qui concerne la détermination du calendrier hébraïque basé, en grande partie, sur le cycle lunaire. S'en suivent les lois du sacrifice pascal.