Sidra Michpatim
Par Michel Bensoussan
Un résumé
Le peuple d'Israël se trouve toujours au Sinaï. Il y restera près d'un an. Dans notre Sidra, une nouvelle série de commandements (Michpatim) est donnée à Moshé. Il y en a environ cinquante-quatre. Ils traitent de sujets très variés. Comment protéger le statut de l'esclave hébreu, celui qui par exemple, devra travailler pour rembourser son vol. D'autres lois parlent du meurtre par inattention, des dommages payés en cas de coups et blessures, des différentes sortes de prêts, des grands principes de la juridiction pénale : « le puits », « la corne », « le feu » et « la dent »… Qui sont repris longuement dans le Talmud. Il y a aussi des recommandations d'ordre moral, comme celle de ne pas gêner une personne qui nous doit de l'argent, le faux témoignage, rapporter un objet perdu à son propriétaire, etc… et enfin certaines lois concernant la terre d'Israël : la célébration des trois fêtes à Jérusalem, l'interdiction de l'idolâtrie,… Les dix-huit derniers versets reprennent la description de ce qui s'est passé lors du don de la Torah au Sinaï, avec la fameuse formule prononcée par le peuple : « Naassé Venichma », « Nous ferons et nous entendrons ».
Réflexion à propos de la partition de la Torah en Sidrot
Dans la première édition du « Sepher Hahinoukh » (livre écrit aux environs de l'année 1310 en Espagne, et qui commente les Mitsvot dans chaque Sidra), on découvre une chose étonnante : entre la paracha de Michpatim et celle de Térouma, il existait une autre paracha ! Celle de « Im Kessef ». C'est-à-dire que notre Sidra de Michpatim (qui comprend cinquante-quatre Mitsvot) était à l'époque, et dans cette région, coupée en deux ! La première partie était lue en tant que « Michpatim » (et ne comprenait que vingt-quatre Mitsvot). La semaine suivante, on lisait la suite, à partir du verset 24 du chapitre 22 et la Sidra s'appelait : « Im Kessef » (et qui comprenait vingt-neuf Mitsvot). Cette tradition était également en usage dans certaines communautés d'Afrique du nord jusqu'au 20ème siècle Cela nous rappelle que la partition de la Torah en Parachiot ou plutôt en « Sidrot » s'est produite de façon différente selon les époques et les régions. La Torah pouvant être lue en une année (comme aujourd'hui) ou en plusieurs années (sept ou trois). Dans ce cas, les Parachiot de chaque semaine étaient beaucoup plus courtes et plus nombreuses ! Elles permettaient ainsi une étude du texte en profondeur, puisque l'on avait chaque semaine un texte plus court à étudier.
UN RÉSUMÉ PAR MONTEES : Michpatim
PAR MICHEL BENSOUSSAN
À la suite des Dix Commandements, Dieu énonce le détail des lois que Moché devra enseigner au peuple. Notre Sidra en contient près de 54 ! Cette densité de "Mitsvoth" ne permet pas de les "résumer" ! Le Talmud et la littérature rabbinique, au contraire, les "dilatent" au point qu'une très grande partie de la législation juive découle de notre Sidra. Il est aussi difficile de les classifier tant leur diversité est grande. Nous choisirons donc ici de ne citer qu'une ou deux lois par "montée".
Première montée: Un hébreu, acculé pour des raisons financières à se vendre comme esclave, sera libéré au plus tard après la sixième année. Un meurtrier sera lui-même condamné à mort.
Deuxième montée: Le propriétaire d'un animal sera responsable des dégâts causés par celui-ci, surtout s'il n'a pas pris les dispositions adéquates pour empêcher l'accident. En creusant un puits, ou en causant toute sorte de danger sur la voie publique, on est responsable des dégâts que cela pourra engendrer.
Troisième montée: En allumant un feu, on est responsable des dégâts qu'il pourrait causer. Il y a donc ainsi quatre sortes de dommages causés. Il y a de même quatre sortes de situations dans lesquelles une personne se charge de "garder" un objet appartenant à une autre personne : s'il le garde gratuitement, s'il le garde en étant rémunéré, s'il l'emprunte (gratuitement) ou s'il le loue. Dans chaque cas le degré de responsabilité, en cas de dommage, est établi.
Quatrième montée: Si l'animal de son prochain (ou de son lointain !) est mis en difficulté, il ne faut pas faire semblant de ne pas l'avoir vu. Il faut, au contraire, aider son propriétaire à soulager l'animal.
Cinquième montée: Les juges doivent être très vigilants. Ni les pots-de-vin, ni le favoritisme ne devront les détourner de la justice. Trois fêtes (Pessah, Chavouot et Souccot) ponctueront l'année et seront l'occasion de se retrouver au Temple.
Sixième montée: L'arrivée en terre de Canaan comporte des risques d'assimilation aux idolâtries locales. Seule la fidélité aux lois de l'Éternel y assurera la prospérité.
Septième montée: Cette prospérité sera traduite par l'abondance de vie et de naissances et la suprématie sur tous les ennemis. Après l'énumération de toutes ces lois, le texte décrit à nouveau comment Moché est monté au mont Sinaï pour y rester 40 jours.