BECHALAH

Sidra Bechala'h

Par Michel Bensoussan

Un résumé

Après que pharaon a renvoyé (Bechala'h) le peuple d’Israël, se pose le problème du chemin à prendre pour arriver en terre d’Israël. Dieu ne veut pas les y faire entrer tout de suite. Il craint que le peuple ne soit pas capable de se confronter à la guerre contre les Philistins. Il préfère les faire passer par le grand désert du Sinaï vers la Mer Rouge.

De plus, Dieu endurcit à nouveau le cœur de Pharaon afin qu'il poursuive Israël. Pharaon rejoint le peuple qui se retrouve coincé entre la mer et l’armée égyptienne. C'est alors que se produit le grand miracle de la traversée à sec de la mer par le peuple d’Israël. Les poursuivants égyptiens sont engloutis dans les eaux qui se referment sur eux. Émerveillés par ce qu'ils viennent de vivre, Moshé et tout son peuple entonnent la « chirat hayam », un très beau chant relatant cet épisode. Myriam, sœur de Moshé, rassemble les femmes et entonnent des chants accompagnés de danses aux sons de tambours. L'euphorie est telle que Moshé sera obligé de véritablement arracher le peuple de cet endroit et d’une situation envoûtante. Il faudra reprendre le long chemin dans le désert aride. Le manque d'eau se fait vite sentir. Arrivés à « Mara », Moshé adoucit les eaux amères grâce à un arbre jeté dans l'eau. Cet endroit marque le début de l'enseignement de la loi. Le manque de nourriture aussi provoque la colère du peuple. La situation est, selon lui, pire que celle vécue en esclavage en Égypte ! Dieu leur envoie la manne, nourriture céleste qui les nourrira pendant quarante ans jusqu'à leur entrée en terre de Canaan. À l’étape de « Refidim », le problème de l'eau est résolu par Moshé qui frappe un rocher et en fait sortir de l'eau. Après toutes les plaintes, les colères et les reproches du peuple, une ultime (pour l'instant !) menace les prend par surprise : le peuple d'« Amalek » leur fait la guerre. Les prières de Moshé et le glaive de Josué les sauvent.

Réflexion à propos du titre

Pourquoi n'est-il pas écrit : « Lorsque Dieu (ou Moshé) fit sortir Israël d'Égypte… » ou mieux : « lorsqu'Israël sortit d'Égypte… » ? Pourquoi donner un tel crédit à Pharaon, pourquoi écrire : « lorsque Pharaon eut renvoyé le peuple… » ? Et surtout pourquoi avoir choisi justement cet acte de renvoi (Bechala'h) comme titre de toute notre Sidra ? Il me semble que le texte veut marquer le fait que le peuple n'est justement pas sorti ! En tout cas pas sorti de sa propre initiative. On l'a renvoyé ! Même Dieu l'a fait sortir « de force ». Cela crée une situation très particulière : le peuple n'est pas assez mûr. Si on quitte l'exil contraint et forcé, il sera d'autant plus difficile d'assumer les transformations d'identité et le courage, nécessaires à l'entrée en terre d'Israël. C'est justement ce qu'explique la suite du texte : Dieu préfère ne pas les faire entrer tout de suite en Israël ! Ils ne sont pas mûrs. Toutes les pérégrinations dans le désert, y compris la traversée de la mer, y compris les problèmes d'eau, de confiance, et le don de la Torah au Sinaï, tout cela découle de ce manque de maturité du peuple. Nous comprenons donc que ce titre : « Pharaon a renvoyé le peuple » veut nous apprendre justement que le peuple était immature et qu'il a fallu le renvoyer, le faire sortir de force !

Un résumé PAR MONTEES de la Sidra Bechalah

Par Michel Bensoussan

Comme c'est souvent le cas, nous retrouvons en Israël, entremêlés, le meilleur comme le pire ! En effet, notre Sidra relate à la fois les plus beaux moments de la traversée de la mer et son magnifique cantique, puis les plus sombres moments d'un peuple qui réclame  et rouspète sans cesse. Même la manne tombée du ciel ne le satisfait pas. Jusqu'à ce qu'Amalek, le pire ennemi, vienne les attaquer !

Première montée : Pharaon a donc renvoyé le peuple. Dieu ne les fait pas passer par le plus court chemin, celui de la bande de Gaza, de peur qu'il ne soient pas encore mûrs pour affronter les guerres de conquête. C'est donc par un long détour à travers le désert que le peuple se met en marche. Dieu met en place une situation apparemment inextricable : il fait venir le peuple face à la mer, dans un cul de sac et Il les fait poursuivre par l'armée de Pharaon qui les prend en étau.

Deuxième montée : Le peuple se trouve coincé entre les Égyptiens et la mer. "Pourquoi nous avoir fait sortir si c'est pour nous tuer dans le désert ?". Moché leur promet une solution miraculeuse qui dépassera toutes les plaies d'Égypte.

Troisième montée : Le plan de Dieu est clair : que le peuple face preuve de foi en Lui et qu'il s'avance vers la mer ! Moché tend son bras sur la mer et celle-ci s'ouvre en créant un passage à sec. Les Égyptiens les poursuivent et entrent dans la mer.

Quatrième montée : Moché étend à nouveau son bras, les eaux se referment sur les Égyptiens et les engloutissent : hommes, chevaux et chars. Le peuple d'Israël, rescapé sur l'autre rive assiste au plus prodigieux miracle qui le sauve définitivement du joug égyptien. C'est alors que Moché et Israël entonnent un cantique de louanges décrivant ce miracle. (Ce très beau poème est récité tous les matins au cours de la prière de Shaharit). Myriam prend un tambour (appelé aujourd'hui le "Tof – Myriam", le tambour de Myriam !) et entraîne les femmes à danser et à chanter à la gloire de Dieu.

Moché doit forcer le peuple à quitter cet endroit magique. Ils arrivent à "Mara". Une source d'eau amère ! Le peuple se plaint. Moché prie et Dieu lui indique comment obtenir de l'eau douce : il faut y jeter une branche d'arbre. Dieu est bien le meilleur guérisseur.

Cinquième montée : Puis le peuple arrive à Elim. Il y trouve douze sources d'eau et soixante-dix palmiers. Puis il arrive au désert de Sin. Un mois s'est déjà écoulé depuis la sortie d'Égypte. Là, le peuple se plaint : "On mangeait mieux en Égypte ! C'était le paradis et ici c'est la désolation !" Dieu promet de leur envoyer la Manne du ciel. Ils n'auront qu'à la ramasser au petit matin et cela les nourrira pour la journée.

Sixième montée : Face à toutes ces plaintes, Dieu espère que grâce à ces miracles le peuple sera contenté et retrouvera enfin sa confiance en Lui. Le soir, des cailles recouvraient le campement et le matin, c'était la manne. Ils avaient ainsi de la viande et du pain. Des règles précises sont définies au sujet de la manne. En ne prenant que la quantité quotidienne, on fera preuve de confiance en Dieu. De toute façon, lorsque certains en prenaient trop, elle pourrissait ! Le vendredi, on en prenait double ration car le shabbat la manne ne tombe pas. Ce sont là les premières lois du shabbat. Une petite quantité de manne sera conservée et placée, plus tard, dans le Temple en témoignage de ce prodige.

Septième montée : Le peuple quitte Sin et arrive à Refidim. Là encore, il n'y  a pas d'eau. Sur ordre de Dieu, Moché frappe un rocher d’où jaillit l'eau tant attendue.

Amalek est le premier peuple de la région à venir s'attaquer à Israël. Josué prend le commandement de l'armée et repousse Amalek. Ce sera la première d'une longue série de guerres qui amèneront Amalek à vouloir anéantir Israël au cours de l'histoire. Dieu promet de toujours l'en délivrer.