EMOR AKADEM

PARACHAT EMOR

L'évolution de la halakha

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POUR AKADEM 2016

 

PAR MICHEL BENSOUSSAN

 

  1. résumé de la Sidra

Après avoir développé, la semaine  dernière,

le devoir, pour tout le peuple d'être "saints",

ainsi que les lois permettant d'y accéder,

 notre Sidra traite de la mise en pratique,

 de l'utilisation,

 et des limites de cette sainteté .

Tout d'abord, auprès des hommes les plus proches de cette sainteté: les cohanim.

 Ensuite, a propos des animaux ,

qui seront un des moyens de l'exprimer, par  les sacrifices.

La sainteté du temps par le shabbat et les fêtes.

Enfin, la sainteté a travers le service au temple par la Menorah et les pains d'assignation.

A la toute fin de la Sidra, on nous raconte une histoire assez dramatique et énigmatique:

Le fils d'un égyptien et d'une Israelite se révolte.

 le texte ne dis pas pour quoi. en tout cas,

 il blasphème le nom divin et  Il sera lapidé!

  la plus grande partie de notre Sidra traite des fêtes juives.

 mais je voudrais m'attarder sur trois sujets annexes pour tenter de soulever un problème de fond,

 celui de l'actualité du texte de la Thorah,

 ou plutôt son actualisation , aux différentes époques, par nos sages.

  1. le deuil pour le conjoint

 

le premier exemple concerne le tout début de notre Sidra.

 les cohanim, ne peuvent être en contact direct avec la mort. ils n'entrent pas dans un cimetière et sont même éloignés des morts. sauf  pour des personnes tres proches: les parents, frère et jeune sœur, fils ou fille.

qu'en est il des conjoints?

la question est d'autant plus importante que les lois de deuil pour tout le reste du peuple, même les non-Cohen, sont déduites de ces versets.

Cela veut dire que cela nous concerne tous.

Aujourd'hui, un juif prend le deuil pour son conjoint, ses parents, ses frères et sœurs et a dieu ne plaise, pour ses enfants.

Cette liste des personnes très proches est déduite de notre texte a propos des cohanim.

 Mais, comme vous avez pu le remarquer, dans la liste de notre Sidra, il n'y a pas de conjoint. Est ce que la Thorah exclu le conjoint de la liste des proches parents pour lesquels on doit prendre le deuil, ou pas?

A ce sujet, les avis divergent.

Rachi par exemple, pense que le texte de la Thorah inclut le conjoint dans la liste , alors que Maimonide, prétend que la Thorah, elle même, n'inclut pas le conjoint , et si  aujourd'hui, nous prenons le deuil pour le conjoint, c'est parce que nos sages bien plus tard, ont décidé de l'y inclure.

voyons ensemble le texte

ויקרא פרק כא

(א) וַיֹּאמֶר יְקֹוָק אֶל מֹשֶׁה אֱמֹר אֶל הַכֹּהֲנִים בְּנֵי אַהֲרֹן וְאָמַרְתָּ אֲלֵהֶם לְנֶפֶשׁ לֹא יִטַּמָּא בְּעַמָּיו:

(ב) כִּי אִם לִשְׁאֵרוֹ הַקָּרֹב אֵלָיו לְאִמּוֹ וּלְאָבִיו וְלִבְנוֹ וּלְבִתּוֹ וּלְאָחִיו:

(ג) וְלַאֲחֹתוֹ הַבְּתוּלָה הַקְּרוֹבָה אֵלָיו אֲשֶׁר לֹא הָיְתָה לְאִישׁ לָהּ יִטַּמָּא:

Dieu demande a moise d'expliquer au cohanim qu'ils ne peuvent se rendre impures par contact d'un mort. sauf pour les personnes qui lui sont tres proches: pour sa mère et pour son père, pour son fils pour sa fille et pour son frère. aussi pour sa sœur vierge qui donc n'est pas mariée. il ya donc six personnes proches qui sont cites. les deux  parents, frère et sœur et enfants. il -semble donc clair qu'il n' y a pas ' dans cette liste, les conjoints.

c'est pour cela que la plus part des sages, reconnaissent que pour la Thorah, un homme ne prend pas le deuil pour sa femme. si on le fait aujourd'hui c'est peut être parce que nos sages, il y a environs 2500ans en ont décidé autrement, probablement a cause du changement, disons de mentalités.

 Maimonide dit clairement:

רמב"ם הלכות אבל פרק ב הלכה א

אלו שאדם חייב להתאבל עליהן דין תורה, אמו ואביו בנו ובתו ואחיו ואחותו מאביו, ומדבריהם שיתאבל האיש על אשתו הנשואה, וכן האשה על בעלה,

pour lui, la Thorah ne parle pas ici du conjoint. par contre' les sages  ont inclut de leur propre initiative le conjoint dans la liste. mais la Thorah elle même ne le demande pas.

cet avis de Maimonide est celui qui fait loi jusqu'a nos jours

rachi' lui, explique, au contraire que le conjoint se  trouve dans cette fameuse liste de la thorah

il dit que la phrase d'introduction a la liste

כִּי אִם לִשְׁאֵרוֹ הַקָּרֹב אֵלָיו

 : les personnes qui lui sont proches,

 he bien n'est pas une phrase d'introduction mais au contraire le conjoint!

רש"י ויקרא פרק כא

(ב) כי אם לשארו – אין שארו אלא אשתו:

cheero' c'est sa femme!

le mot cheer veut dire  le prolongement de sa chaire. comme par exemple dans un autre verset:

ויקרא פרק יח

(יב) עֶרְוַת אֲחוֹת אָבִיךָ לֹא תְגַלֵּה שְׁאֵר אָבִיךָ הִוא:

tu ne dévoileras pas la nudité de la sœur de ton père car elle est le " cheer" de ton père.

 mais justement dans cette phrase, cheer ne veut pas dire sa femme!

rachi le sait. et pourtant, pour lui, il est impensable que la thorah n'inclut pas le conjoint. pour rachi, c'est même la première personne, la plus proche, la plus intime, et elle est , toujours selon lui, en tète de la liste.

si on résume:

dans tous les cas, on prend le deuil pour le conjoint.

 la différence de point de vue est :

 est-ce que la thorah elle même le demande ou est-ce les sages qui l'on rajoutée, plusieurs centaines d'années après?

                                                                                             rachi dit que la Thorah demande de prendre le deuil

pour le conjoint et Maimonide dit que non.

 en définitive, ce que l'on appelle la "halakha" conclu comme.. Maimonide!:

le deuil pour  son conjoint n'est pas une loi de la Thorah mais une décision rabbinique.

vous me direz, a juste titre, que cela n'a pas d'importance, puisque tout le monde est d'accord sur ce que l'on doit faire aujourd'hui. c'est tout a fait vrai.

cependant ,cela nous apprend qu'il peut y avoir des changements de point de vue, voir des changement de mentalité, qui font que le texte de la Thorah qui  exprime une manière de voire est contredit par des décisions rabbiniques, plusieurs centaines d'années plus tard.

 l'enjeu est de taille:

si on veut étudier par exemple les liens psychologiques entre un homme et sa femme ,a travers le texte de la Thorah ou si on veut avoir une idée de la cellule familiale a l'époque de la Thorah, on est alors très surpris des différences significatives   entre les différentes époques. que ce soit  a l'époque de moise, du talmud ou de nos jours.

a l'époque de la Thorah, la polygamie était permise

 un père pouvait vendre sa très jeune fille en esclavage!

 et comme on l'a vu, le mari ne prenait pas le deuil pour son épouse!

au cours des années, l'évolution des sociétés, des mentalités, ou pour d'autres raisons, nos sages modifient la loi et l'adapte.

les sages de la grande assemblée, au sixième siècle avant l'ère profane, font entrer le conjoint dans la liste des endeuilles. au 11eme siècle un grand décisionnaire, rabenou Guershon,'interdit la polygamie. l'esclavage est depuis longtemps bannie.

 changement d'époque, changement de mentalité, la halakha ici encore évolue.

  1. juif par la mère

 

 

voyons un autre exemple ' cette fois vers la fin de notre Sidra:

ויקרא פרק כד

(י) וַיֵּצֵא בֶּן אִשָּׁה יִשְׂרְאֵלִית וְהוּא בֶּן אִישׁ מִצְרִי בְּתוֹךְ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל וַיִּנָּצוּ בַּמַּחֲנֶה בֶּן הַיִּשְׂרְאֵלִית וְאִישׁ הַיִּשְׂרְאֵלִי:

un homme' fils d'une israélite et fils d'un égyptien, sort, a l'intérieur du peuple d'Israël et il se querelle avec un fils d'Israël.

la suite est dramatique. il profane le nom de dieu et on le lapide. je ne voudrais pas parler de cette histoire mais simplement relever le fait, que cet homme a un problème d'appartenance au peuple parce que son père est égyptien. il n'est donc pas juif, malgré le fait que sa mère le soit.

cela peut nous surprendre, nous, qui savons que depuis deux mille ans, la judéité est transmise par la mère!

et pourtant, il semble admis qu'au temps de la Thorah, l'affiliation juive passe par le père. l'appartenance a une tribu se fait par le père.

 est Cohen celui qui est ne d'un père Cohen.

de même pour les Levi  et toutes les autres tribus.

 ce sont les pères qui sont mentionnes lors des recensements ….

jusqu'a quand cela a était la règle?

pendant longtemps, en tout cas au moins jusqu'a l'époque de EZRA le scribe, au retour d'exil de Babylone.

l'une des référence les plus ancienne du changement de position de la halakha a ce sujet, remonte a l'époque de la Michna aux alentours du second siècle, après la destruction du second temple:

ספרא אחרי מות פרשה ח ד"ה פרשה ח

למה נאמר איש איש אמר רבי אלעזר ברבי שמעון להביא וולד ישראל מן הגר ומן העבד.

rabbi Eléazar, fils de rabbi Shimon bar yohay, inclut les enfants de mère juive et de père goy comme faisant aussi partie du peuple.

 Une autre référence plus précise encore, citée dans le talmud

תלמוד בבלי מסכת קידושין דף סח עמוד ב

א"ר יוחנן משום ר"ש בן יוחי, דאמר קרא: +דברים ז+ כי יסיר את בנך מאחרי, בנך הבא מישראלית קרוי בנך, ואין בנך הבא מן העובדת כוכבים קרוי בנך אלא בנה

Rabi Chimon bar yohay  exclu le fils d'un juif et d'une idolâtre .

Il semble donc très probable, qu'il y ai eu changement de position entre la Thorah et le talmud. Etait juif, le fils d'un père juif. Et maintenant, est juif, l'enfant d'une mère juive

il est très intéressant de remarquer que les citations sur lesquels nos sages vont se baser pour définir que c'est la mère qui détermine la religion de l'enfant, se rattachent a des versets de la Thorah elle même.

c'est a dire que me lorsque la halakha change on tache toujours a se référer a elle!

 comme si on avait besoin de marquer la continuité alors, qu'il y a , de façon flagrante, changement de comportement et de règle!!!

4 la loi du talion

dernier exemple, cette fois a la toute fin de la Sidra:

ויקרא פרק כד

(יז) וְאִישׁ כִּי יַכֶּה כָּל נֶפֶשׁ אָדָם מוֹת יוּמָת:

(יח) וּמַכֵּה נֶפֶשׁ בְּהֵמָה יְשַׁלְּמֶנָּה נֶפֶשׁ תַּחַת נָפֶשׁ:

(יט) וְאִישׁ כִּי יִתֵּן מוּם בַּעֲמִיתוֹ כַּאֲשֶׁר עָשָׂה כֵּן יֵעָשֶׂה לּוֹ:

(כ) שֶׁבֶר תַּחַת שֶׁבֶר עַיִן תַּחַת עַיִן שֵׁן תַּחַת שֵׁן כַּאֲשֶׁר יִתֵּן מוּם בָּאָדָם כֵּן יִנָּתֶן בּוֹ:

(כא) וּמַכֵּה בְהֵמָה יְשַׁלְּמֶנָּה וּמַכֵּה אָדָם יוּמָת:

un homme qui tue un autre sera mis a mort

un homme qui tue un animal devra rembourser sa valeur

un homme qui provoque un handicape, il lui sera fait de même.

fracture pour- ou a la place de- fracture, œil pour œil dent pour dent, de la même manière qu'il amputera un homme, de même il lui sera fait.

celui qui causera un dommage a une bête, remboursera

.

lisons un autre passage dans l'exode au chapitre 21

שמות פרק כא

(כד) עַיִן תַּחַת עַיִן שֵׁן תַּחַת שֵׁן יָד תַּחַת יָד רֶגֶל תַּחַת רָגֶל:

(כה) כְּוִיָּה תַּחַת כְּוִיָּה פֶּצַע תַּחַת פָּצַע חַבּוּרָה תַּחַת חַבּוּרָה:

cette fois dans l'exode:

œil pour œil dent pour dent pied pour pied

brulure pour brulure blessure pour blessure coup pour coup.

la lecture littérale a l'air d'être tres claire. pour les animaux il faut payer, il faut rembourser le dommage  par contre pour les hommes, on demande une blessure équivalente.

pourtant, les sources de halakha rabbinique les plus anciennes, que nous ayons, a part , évidement le texte de la Thorah lui même  remontent  au talmud, c'est a dire, au premier siècle, he bien ces sources disent clairement le contraire:

ספרא אמור פרשה יד

(ז) יכול סימא את עינו, יסמא את עינו, קיטע את ידו יקטע את ידו, שיבר את רגלו ישבר את רגלו, תלמוד לומר מכה בהמה מכה אדם, מה מכה בהמה בתשלומים אף מכה אדם בתשלומים

il est impensable que le texte nous enseigne de crever un œil pour un œil ou de couper une main pour une main coupée.  le fait que le texte dise qu'il faille rembourser un dommage pour une bête, nous enseigne qu'il faut dédommager l'handicape, par de l'argent.

ici encore, la halakha interprète le texte, en s'appuyant sur ce même texte, pour en déduire des halakhot contraires au sens littéral.

comparons notre texte de la Thorah a celui des lois Hammourabi, codex, du 18eme siècle avant l'ère profane, en Babylonie que l'on a découvert graves sur une grande stèle

אם השחית איש את עין רעהו – את עינו ישחיתו (חוק 196).
אם שיבר את עצם רעהו, את עצמו ישברו (חוק 197).
אם הכה איש את שן רעהו, את שִׁנּוֹ יכו (חוק 201).

si un homme endommage l'œil de son prochain c'est son œil que l'on endommagera (loi 196)

si  il casse un membre de son prochain, on lui cassera un membre (loi 197)

si un homme casse la dent de son prochain' on lui cassera une dent (loi 201)

il n'est donc pas illogique de penser que la Thorah ai elle aussi envisagé des punitions corporelles équivalentes au dommage.

et pourtant, tous nos sages l'interdisent formellement . ils interdisent même de faire ce que je viens de faire, c'est a dire imaginer  le contraire!

5 la halakha

 

les exemples que nous avons vu, sont loin d'être les seuls. il ya très souvent des divergences entre le texte ' le sens littéral de la Thorah et les lois que nos sages en déduisent.

 j'ai parle de changement, de modification, d'évolution.

 mais est – ce que cela veut dire que l'on trahisse la Thorah en faisant cela?

 hé bien je ne le pense pas du tout!

cela parait paradoxal' mais la Thorah elle même nous invite  a faire cela. je dirais encore plus; il me semble que si nous ne faisions pas cela' c'est a dire si nos sages avaient figé en dogmes le texte,

 on aurait été taxés ,par la Thorah elle-même,  d'idolâtrie envers elle! c'est pour cela que l'on parle de loi orale en perpétuelle évolution.

rappelons nous des injonctions de la Thorah:

דברים פרק יז

(ט) וּבָאתָ אֶל הַכֹּהֲנִים הַלְוִיִּם וְאֶל הַשֹּׁפֵט אֲשֶׁר יִהְיֶה בַּיָּמִים הָהֵם וְדָרַשְׁתָּ וְהִגִּידוּ לְךָ אֵת דְּבַר הַמִּשְׁפָּט:

(י) וְעָשִׂיתָ עַל פִּי הַדָּבָר אֲשֶׁר יַגִּידוּ לְךָ מִן הַמָּקוֹם הַהוּא אֲשֶׁר יִבְחַר יְקֹוָק וְשָׁמַרְתָּ לַעֲשׂוֹת כְּכֹל אֲשֶׁר יוֹרוּךָ:(יא) עַל פִּי הַתּוֹרָה אֲשֶׁר יוֹרוּךָ וְעַל הַמִּשְׁפָּט אֲשֶׁר יֹאמְרוּ לְךָ תַּעֲשֶׂה לֹא תָסוּר מִן הַדָּבָר אֲשֶׁר יַגִּידוּ לְךָ יָמִין וּשְׂמֹאל:

tu iras chez les cohanim et les juges qu'il y aura en ce temps la( entre parenthèses, même s'ils ont l'air, moins savants que d'autres, qui vivaient en d'autres temps, il faut quand même te fier a ceux qui vivent a ton époque – tu n'as devant toi que ces sages la ), tu leur demanderas et ils te diront ce qu'il faut faire. tu ferais selon ce qu'ils te dirons, depuis l'endroit que dieu aura choisi, et tu feras comme ce qu'ils t'enseigneront. Tu te comporteras selon la Thorah qu'ils t'enseigneront, et selon les règles qu'ils te diront . ne dévie ni a gauche ni a droite de leur enseignement.

la Thorah nous ordonne une énorme liberté d'interprétation mais en même temps elle la limite encore plus:

on ne doit pas faire n'importe quoi!

ce sont les sages, qui sont réunis au grand tribunal , au sanhédrin qui doivent décider. et pas chacun dans son coin.

eux, ont la responsabilité de faire vivre la loi et l'interpréter. et ils sauront toujours, rattacher leur décisions et leur interprétations, a la loi écrite, la Thorah.

 on le voit, cela n'est pas facile.

d'un cote, faire vivre et faire évoluer la thorah et de l'autre, empêcher de faire n'importe quoi et de risquer de  tout détruire, y compris l'unité du peuple.

historiquement, nos sages prennent beaucoup plus de libertés en terre d'Israël. mais , des la sortie en exile ,la rigueur et la congélation des codex l'emporte. nous vivons aujourd'hui la fin d'une période d'exil de deux mille ans. notre judaïsme a été fige sur les textes du talmud. nous avons donc l'impression, que le judaïsme doit être fige et que les textes ont le dessus sur l'appréciation humaine. cela n'a pas été le cas avant l'exil. le judaïsme pratiqué en terre d'Israël, a l'époque du premier temple est très différent de celui pratique lors du second temple et est encore extrêmement différent de celui pratique dans les différentes communautés juives d'exil. il est très probable, qu'avec le retour en Israël, nous assisterons a des évolutions encore plus importante,

 cela semble être déjà en marche.

Il y aura,  comme toujours, des juifs qui s'opposeront a toute évolution,. mais il y aura aussi des juifs qui n'auront pas peur d'affronter l'évolution naturelle, comme nos très grands sages l'ont fait au cours de l'histoire.

alors non, nous ne sommes pas le peuple d'un livre au texte fige, de la Thorah écrite, nous sommes le peuple de la Thorah orale qui vit , perdure et évolue grâce a nos sages, autour de la Thorah écrite, qui continue ainsi a être une Thorah qui vie, une Thorah  de vie!

D'ailleurs la loi qui dicte la conduite a tenir s'appelle en hébreu la halakha. C'est-à-dire la marche. La marche a suivre mais aussi la marche tout cours car la loi marche. La loi évolue. Et comme tout ce qui évolue et avance, il y a différentes vitesses. Il y a des facteurs qui poussent vers l'évolution, des facteurs d'accélération

 et d'autres qui la freine.

pour finir, je voudrais illustrer, a travers notre paracha, ces deux dimensions contradictoires , l'accélérateur et  le frein

d'un cote, l'obligation de prendre ses responsabilités et interpréter le texte en fonction de l'évolution de l'histoire

et de l'autre, le danger de partir dans tous les sens et de tuer, si j'ose dire, la poule aux œufs d'or, qui est pour nous la Thorah.

  1. "l'accélérateur"

a propos des  fêtes, il est écrit:

ויקרא פרק כג

(ד) אֵלֶּה מוֹעֲדֵי יְקֹוָק מִקְרָאֵי קֹדֶשׁ אֲשֶׁר תִּקְרְאוּ אֹתָם בְּמוֹעֲדָם:

voici les fêtes de dieu, les rendez vous auxquels dieu vous invite, jours saints, que vous fixerez en leur temps. nos sages insistent: c'est vous' les hommes' le tribunal de Jérusalem qui définira le jour exacte ou la fête aura lieu. pour des raisons astrologiques, la lune, mais aussi, pour des raisons d'ordre économique, sociales, ou autres, le sanhédrin peut retarder les fêtes de quelques jours, voire, d'un mois entier. dieu sera au rendez vous fixé par l'homme! et ca c'est dieu lui même qui le demande!

voila pour illustrer le premier point, l'exigence de la Thorah elle même, a la participation active de l'homme dans la fixation de la vie religieuse.

  1. le frein

analysons le titre de notre Sidra: Emor  =tu diras

moche doit enseigner aux cohanim, les lois les concernant. mais il ya redondance de ce verbe dans la phrase:

ויקרא פרק כא

(א) וַיֹּאמֶר יְקֹוָק אֶל מֹשֶׁה אֱמֹר אֶל הַכֹּהֲנִים בְּנֵי אַהֲרֹן וְאָמַרְתָּ אֲלֵהֶם לְנֶפֶשׁ לֹא יִטַּמָּא בְּעַמָּיו:

tu diras…. et tu leur diras

rachi enseigne:

רש"י ויקרא פרק כא

(א) אמר אל הכהנים – אמור ואמרת, להזהיר גדולים על הקטנים:

 c'est pour que l'enseignant n'ai pas seulement le soucis d'enseigner a son élève' mais qu'il mesure les conséquences de son enseignement, lorsque cet élève l'enseignera a son tour!

voila l'autre impératif, celui de faire très attention lorsque l'on veut enseigner, renouveler, voire évoluer: attention a ne pas faire n'importe quoi. il faut mesurer cette énorme responsabilité. qu'est ce que cela donnera dans deux générations, dans trois!

 c'est cette peur , cette angoisse, tout a fait justifiée, qui a réussi a préserver nos traditions et notre peuple durant des millénaires, envers et contre toutes les intempéries de l'histoire.

et pourtant, il me semble non moins important, voire urgent de nous atteler aussi au premier point, a l'exigence contraire. il y a des moments ou la congélation, tres utile pour faire durer ,fait perdre  la saveur et parfois tue ce que l'on voulais tellement préserver. espérons que le peuple d'Israël, ensemble, saura relever ce défi pour préserver et faire vivre avec toute l'acuité qu'elle mérite ,et pour encore très  longtemps, notre Thorah tant aimée.

merci