UN RÉSUMÉ DE LA SIDRA : Mass’ei
Par Michel Bensoussan
Notre Sidra est la dernière du livre de Bamidbar. Juste avant l'entrée en Eretz Israël, Moshé fait ses dernières recommandations au peuple. Il n’y entrera pas avec eux. Il va mourir sur le mont Nébo à l'est du Jourdain. Deux sujets occuperont bientôt le peuple : comment conquérir la terre et comment la partager. Mais la guerre et le partage sont eux-mêmes sources de violences et de conflits internes, comme le meurtre et les problèmes d'héritage. Ces deux sujets sont donc traités en détail.
Première et seconde montées : Moshé dresse la liste des quarante-deux étapes que le peuple a parcourues, depuis la sortie d'Égypte, durant les quarante années dans le désert. Le titre de la Sidra : « Mass’ei » signifie « voyages », ou « pérégrinations ».
Troisième montée : Dieu ordonne que tous les peuples idolâtres, habitants de Canaan, soient déshérités de la terre. Toute population qui ne sera pas déshéritée deviendra une source incessante de problèmes pour Israël. Tout ce qui a servi à l'idolâtrie sera détruit. Après la conquête (qui durera sept ans), il faudra partager la terre entre les tribus d'Israël (le partage durera sept autres années). Il sera effectué par tirage au sort, tout en respectant la proportion entre la taille de la terre octroyée et la population de chaque tribu. Dieu décrit les frontières très précises de la terre à l'ouest du Jourdain.
Quatrième montée : Dieu lui-même nomme les chefs militaires, un par tribu, avec à leur tête Josué et le grand prêtre, Eléazar Hacohen.
Cinquième montée : La tribu de Levi ne participe pas au partage du pays. En revanche, quarante-deux villes (décidément, un nombre récurrent dans notre Sidra !) leur sont attribuées. De plus, ils pourront occuper six autres villes, dites « de refuge », trois à l'est et trois à l'ouest du Jourdain.
Sixième montée : Les villes de refuge servent à protéger une personne qui aurait entraîné involontairement la mort d’une autre personne. Les proches de cette dernière pourraient vouloir « se venger » et attenter à la vie du responsable. Celui-ci peut donc se réfugier dans ces villes, jusqu'à la mort du grand Cohen. Si en revanche un homme en tue intentionnellement un autre, il sera jugé par un tribunal de vingt-trois juges avec au minimum deux témoins. Il risque la peine de mort. Dans ce cas, aucune somme d'argent ne pourra remplacer la mise à mort.
Septième montée : Il y a deux semaines, nous avons assisté à la reforme de la loi d'héritage qu'avaient initiées les filles de Tselofhad : elles pouvaient désormais hériter de leur père qui n'avait pas eu de fils. Cette semaine, cette même loi va de nouveau être amendée ! Tselofhad était membre de la tribu de Menaché. Si ses filles se marient avec des membres d'une autre tribu ces terres « passeront », à la génération suivante, à leurs enfants, fils de la tribu du mari ! Ces terres seront donc « perdues » pour la tribu de Menaché ! Moshé résout ce nouveau problème : les filles de Tselofhad pourront hériter, mais il leur est conseillé de se marier à l'intérieur de leur tribu, celle de Menaché. Ainsi, les terres réparties par tribu, continueront d'appartenir à la même tribu, quelque soit le cas de figure de l'héritage.
Réflexions à propos du titre
Mass’ei, ce sont les étapes. Souvent interprétées, par nos commentateurs, comme une évolution à la fois psychologique et morale, plutôt que comme la description sèche d'un parcours géographique. Les noms des étapes, signifiant les passages de l'état d'esclave en Égypte, à la prise de responsabilité en entrant en Israël. De ce point de vue, la dernière étape, les derniers versets de la Sidra, pourraient décrire le but ultime de cette longue progression. Or, ces versets décrivent une situation ou les hommes, devenus libres et « partenaires » de Dieu, proposent et obtiennent que la loi divine soit modifiée. Dieu, non seulement accepte ces modifications, mais IL semble heureux que le peuple réussisse à s'impliquer et à partager le souci de la législation. Comme si le but ultime n'était pas de former des robots appliquant des ordres venus d'en haut, mais des êtres libres, responsables et soucieux de participer au projet divin.