KI TAVO

Ki Tavo :

Le peuple face à ses responsabilités

 

 PAR MICHEL BENSOUSSAN

Le livre de Devarim peut être partagé en trois parties distinctes : les trois premières Sidrot traitent de l'histoire dans le désert, les trois suivantes réglementent la vie en terre d'Israël. Notre Sidra commence la troisième et dernière partie : celle de l'alliance contractée au bord du Jourdain. Comme toute alliance, elle comprend  une affirmation identitaire, que l'agriculteur israélien devra renouveler chaque année et tous les trois ans. Elle comprend aussi "le prix à payer" en cas de dérogation à l'alliance entre Dieu et son peuple (les "malédictions"), et "les bénéfices" du respect de cette alliance ( les bénédictions").

Première montée : Une fois installés en Israël, et surtout après quelques générations, nous risquons d'oublier d’où nous venons, pourquoi nous sommes là, et surtout à qui nous devons rendre des comptes ! C'est pour cela que chaque agriculteur doit apporter au Temple les prémices de sa récolte. Puis il dira, à cette occasion devant le Cohen, un texte : le "Vidouy Bikourim", que nous lisons d'ailleurs le soir de Pessah dans la Haggadah. Ce texte rappelle justement notre histoire, notre géographie (!) et la raison de notre présence sur notre terre. C'est à cette condition que l'on pourra réellement jouir "des fruits" de la terre.

Deuxième montée : Un autre texte doit être lu par l'agriculteur, cette fois à Pessah, la quatrième année et la septième année de la Shemita. Ce texte déclare que toutes les dîmes dues au Cohen, au Levi et aux pauvres ont bien été données (ce texte est le "Vidouy Maasser").

Troisième montée : Moché entame la description de l'alliance contractée sur les versants du mont Moab, juste avant l'entrée en Israël : un véritable pacte est scellé entre le peuple d'Israël et Dieu.

Quatrième montée : L'alliance conclue oralement avec Moshé devra être célébrée, après sa mort, sur la terre d'Israël au cours de deux cérémonies. Une première partie sera mise en pratique juste après la traversée du Jourdain : il faudra inscrire les termes de l'alliance sur des pierres scellées sur le mont Eval, à côté de la ville de Shekhem. Ces pierres  serviront aussi d'autel.

Cinquième montée : La seconde partie pratique de l'alliance devra être réalisée par la déclaration des termes de l'alliance sur les deux montagnes entourant cette même ville de Shekhem : sur le mont Guerizim les bénédictions sont lues par six tribus d'Israël, et sur le mont Eval les malédictions sont lues par six autres tribus. Tout le peuple doit répondre "Amen" à chacune d'elles.

Sixième montée : En cas de respect de l'alliance, Israël aura droit aux plus belles récompenses. En revanche l'inverse aussi est annoncé ! La très longue lecture des "malédictions" fait "froid dans le dos" ! Étant donné leur violence et surtout le fait qu'elles se sont malheureusement maintes fois réalisés au cours de l'histoire juive !

Septième montée : Moshé rappelle enfin les miracles qui ont été prodigués au peuple depuis l’Égypte jusqu'à ce jour. Pourquoi justement sceller une alliance maintenant, après 40 années ? Parce qu'aujourd'hui seulement le peuple devient "majeur". Il peut à présent se passer des "miracles visibles". Il devra se servir dorénavant de ses yeux, de ses oreilles, de sa compréhension des événements pour deviner la présence de Dieu, qui continuera à le conduire, mais de  façon "moins visible" en terre d'Israël. Le but étant la prise de responsabilité du peuple face à son identité.