PEKOUDEY —-SHEKALIM
Par Michel Bensoussan
Un résumé
Ce Shabbat nous sortons deux Sifré Torah :
- Dans le premier, nous lisons la Sidra Pekoudé qui clôt le livre de l'Exode, Chemot. Elle clôt également les cinq Sidrot qui concernent la construction du Michkan : Térouma – Testavé (l'ordre de la construction) – Ki Tissa (faute du veau d'or) et Vayakhel – Pekoudé (la construction elle-même). Pekoudé commence par faire le décompte (Pekoudé) de tous les matériaux utilisés lors de la construction, en quantité et poids exacts. Ensuite, chaque élément de la construction est détaillé une fois de
dra Pekoudé- Shekal plus avec, dans notre Sidra en complément de la précédente, la description des vêtements des cohanim. Enfin, Moshé met chaque ustensile à sa place dans l'enceinte du Michkan. La tradition midrashique date le début de la construction à Souccot (six mois après la sortie d'Égypte) ; la fin de la construction à Hanoukka (2 mois plus tard) ; et l'inauguration le premier Nissan (peu avant Pessah).
- dans le second Sefer Torah, nous lisons le maphtir « Shekalim » (suivi de la haftarah Shekalim). Il s'agit du début de la paracha Ki-Tissa (déjà lue il y a deux semaines) où il est question du prélèvement d'un demi shekel-argent par personne. En effet, la semaine prochaine (dimanche et lundi) nous entrons dans le mois d'Adar-2. Il ne restera alors plus qu'un mois pour prélever cet impôt d'un demi-shekel qui servait (à l'époque du Temple) à acheter les sacrifices pour toute l'année. Le Shabbat précédant le Roch Hodech Adar était donc l'occasion de rappeler aux fidèles qu'ils devraient s'acquitter de cet impôt avant le début de l'année suivante (Nissan) et c'est pourquoi notre Shabbat est appelé « Shabbat Shekalim.
Réflexions à propos du titre
Pekoudé peut vouloir dire « compte », voire ici « inventaire ». Moshé doit rendre des comptes sur les sommes reçues pour la construction du Michkan. Pekoudé peut aussi, dans le même verset, signifier « commandement ». Décidément, cette semaine nous parlons beaucoup d'argent ! Surtout pour un jour de Shabbat, en principe réservé à une certaine « élévation spirituelle » ! Il est possible que cette réflexion soit le fruit d'une culture chrétienne qui considère parfois l'argent comme étant « sale », impur. En tout cas pas du tout « spirituel » ! Certes, le Shabbat il est interdit de commercer. L'argent est « Mouktsé ». On ne peut le déplacer. Mais l'argent représente la valeur du labeur, du travail. Sanctifier le monde matériel est l’un des buts déclarés de la Torah. Le rapport au spirituel se mesure, en fait, à l'aune de notre rapport au monde matériel ! Rendre des comptes, surtout lorsqu'il s'agit d'argent public. La transparence de la part du Pouvoir sur les questions de budget et de dépenses publics (Pekoudé), l'équité et la participation de chacun à l'impôt sacerdotal (shekalim), ne sont donc pas moins « spirituels ». Au contraire, ils exigent des comportements concrets qui révèlent la véritable valeur morale de l'homme !